Étape 4 : Je prépare mes supports

C’est le moment de préparer les supports pour votre animation.

Posons tout d’abord trois postulats :

  1. Les supports idéaux n’existent pas.
  2. Les supports ne sont pas une fin en soi.
  3. Les supports ne remplacent pas l’expertise de l’animateur.

Par support on inclut tout vecteur qui a pour objectif de participer à la transmission, à la compréhension ou à l’approfondissement des sujets abordés en formation.

Il est facile de s’y perdre au moment de leur conception; gardez à l’esprit que si vos supports ne servent pas ces objectifs, ils ne « supporteront » pas grand-chose.

Choisir ses supports de formation

Bien sûr, les supports seront choisis en fonction de l’objectif pédagogique de chaque étape.

Des plus classiques aux plus numériques, voici quelques exemples de supports pour animer en présentiel :

  • Tableau blanc
  • Paperboard
  • Diapositives avec vidéoprojecteur
  • Jeux et exercices pédagogiques
  • Supports papier
  • Jeux et exercices numériques
  • Supports stagiaires dématérialisés

Nous aborderons uniquement dans cet article PowerPoint et le paperboard.

1. PowerPoint : stimulant ou anesthésiant ?

C’est une question qui alimente les débats d’experts et divise les foyers depuis la démocratisation des vidéoprojecteurs.

Certains défendent l’idée qu’un message est plus facilement retenu, lorsqu’il est lu et entendu simultanément. Ce principe bien connu est en effet, largement utilisé pour son efficacité dans les messages publicitaires. Donc, pour les partisans de PowerPoint une animation ou une présentation sans diapositive est inconcevable.

D’autres vont affirmer que l’enchainement de « slides »1a sur l’auditoire l’effet d’une berceuse et que par conséquent, c’est totalement contreproductif. Et de citer Steve Jobs : « Les gens qui savent de quoi ils parlent n’ont pas besoin de PowerPoint ».

L’idée n’est ni d’arbitrer le débat sur l’intérêt des diapositives ni de les remettre en cause leur utilisation en formation.

Très modestement, notre objectif est de voir comment tirer le meilleur parti de cet outil devenu incontournable, de comprendre les règles à appliquer et d’éviter les chausse-trappes classiques.

I. Un outil de diaporama

Keynote, PowerPoint, Google Slide, Impress… quelle que soit l’application utilisée, ce sont des logiciels de diaporama, c’est-à-dire qu’ils sont conçus pour projeter une image sur un écran. Alors pourquoi diable, s’acharner à les imprimer pour les diffuser comme support stagiaire ? Parfois même dès le démarrage de la session pour les plus aventureux. Du coup tout le monde a le nez dans son support et personne n’écoute l’animateur .

Chaque support a sa finalité : le document remis aux stagiaires doit être réalisé dans un format qui facilite la lecture, si besoin compatible avec l’impression et remis en fin de session pour encourager la prise de notes pendant la formation.

Les diapositives elles sont produites pour être projetées2 et élaborées pour être un appui de votre présentation orale. Elles répondent à des règles de mise en forme spécifique que nous allons voir dans le paragraphe suivant.

II. Harmonie et simplicité

« La perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer. » Saint-Exupéry

Je vois des diapositives tellement surchargées que j’ai l’impression que leurs auteurs payent un prix exorbitant pour en ajouter. En réalité c’est parce que trop souvent les diapositives servent de guide pour l’orateur3. On se retrouve alors avec des diapositives alourdies, encombrées parce qu’elles se veulent exhaustives et qu’elles sont utilisées comme aide-mémoire.

Une bonne diapositive n’est pas supposée être compréhensible en elle-même. C’est à l’animateur de donner du sens4 au message sur l’écran. Le contenu projeté (un mot, un chiffre, une image…) est là pour renforcer votre discours, pour interroger ou surprendre votre auditoire; en un mot, marquer les esprits et ancrer le message.

Voici les règles fondamentales :

  1. Une diapositive = une idée. Deux idées = deux diapositives (elles sont gratuites, ne l’oubliez pas) .
  2. Gardez une harmonie sur toutes vos diapos (tailles et types de police, couleurs, style…) et éliminez tout superflu pour faire ressortir votre message. La règle est simple, il suffit de se poser la question : « qu’apporte cette image, cette phrase à la compréhension de ma diapositive ? » Si la réponse est « rien », on la supprime pour gagner en force et en clarté.
  3. Utilisez les animations avec la plus grande parcimonie et uniquement si elles en renforcent le contenu ou communique une information additionnelle. Sinon, elles brouillent votre message et risque de donner le mal des transports aux participants.
  4. Différenciez-vous en évitant les images stéréotypées (poignet de mains, flèche au centre de la cible, crâne coiffé d’un point d’interrogation…) et les listes à puces. Plutôt que de faire un paragraphe en quatre puces, faites quatre diapositives.

III. Vous êtes la vedette

Tout est écrit sur le support, alors pourquoi ne pas lire ? On l’a vu précédemment, les adeptes de PowerPoint soutiennent qu’un message est mieux retenu lorsqu’il est lu et entendu simultanément. Avec cette approche les diapos vous servent de script et de guide animateur et votre groupe et ne verra de vous que votre dos ou votre meilleur profil et deviendra de plus en plus passif. N’avez-vous pas déjà vécu cette situation ?

La vedette c’est vous, pas les diapositives. Votre auditoire doit se centrer sur l’animateur; le support projeté ne sert qu’à appuyer ou illustrer votre propos. Pour ça vos diapos doivent être compréhensibles d’un « coup d’œil » (les spécialistes parlent de 3 à 4 secondes max.). L’expérience montre qu’un message court, incite à la réflexion, au questionnement et donc à la participation active du groupe.

2. Indétrônable paperboard

Les écrans interactifs numériques et les tableaux blancs numériques (TBI) sont de plus en plus présents dans les formations ou les réunions.

L’intérêt de ces outils est de pouvoir supporter des contenus variés : texte, images, vidéos, liens hypertextes… Il est également possible pour les apprenants de s’exprimer par des commentaires ou de poster des « Likes ». Mais à l’instar des tableaux blancs conventionnels, les contenus restent plutôt éphémères et transférables de manière peu intuitive et pratique.

Le paperboard a des feuilles détachables qui lui donnent l’avantage de pouvoir très facilement conserver une trace des échanges.

Au début de la formation, vous pouvez par exemple noter les objectifs des participants, puis fixer les feuilles au mur pour vous y référer en fin de programme. Tout au long de votre animation, vous allez noter les points forts, synthétiser un concept, détailler une progression… Les feuilles seront positionnées sur le mur pour servir de mémo ou de support pour la réactivation mémoire la deuxième journée.

Je ne vous ferais pas l’affront de donner des « conseils » sur l’utilisation du paperboard du type soigner son orthographe, ou adopter un alphabet visuel avec l’utilisation de feutres de couleurs ou adapter la taille du lettrage.

En revanche, pour ceux qui ne se sentent pas très à l’aise avec l’utilisation du tableau, je partage cette astuce :

Pour éviter de tourner le dos à votre public pendant que vous notez sur le paperboard…

…Tenez-le « par l’épaule » comme un ami. Vous gardez ainsi le contact visuel avec le groupe, et vous stabilisez le tableau pendant l’utilisation.

Maintenant que nos supports sont prêts, nous verrons comment garantir le bon déroulement de l’animation grâce à la méthode SAVI.

À la semaine prochaine pour l’étape 5.

AMB

Notes

  1. Il m’est arrivé d’en compter 270 dans une formation de deux jours
  2. Le format 16:9 devient la norme.
  3. Souvenez-vous chaque support à sa finalité; si vous souhaitez un support pour votre discours, vous pouvez rédiger un guide animateur ou utiliser les zones de commentaires
  4. Mon maître à penser définit l’animateur comme : « Un donneur de sens »